
Ceci est la question proposée par Joana Rita Sousa, dans le cadre du projet NHNAI.
Dès que j’ai lu cette question, particulièrement la façon dont elle est formulée, j’ai eu envie de l’utiliser lors d’un atelier. Les enfants demandent régulièrement à réfléchir sur la place de l’humain par rapport aux animaux, par rapport à la nature… mais je n’avais pas eu l’occasion de réfléchir avec les enfants sur l’essence de l’humanité d’un être.
J’ai donc profité du nouveau cycle que je commence avec 3 groupes d’élèves de 5ème du collège Pierre Norange, à Saint Nazaire (44). Nous nous sommes rencontrés pour la première fois cette semaine, nous avons donc consacré une partie de l’atelier à faire connaissance, à comprendre ce que nous allions faire ensemble et à poser le cadre. J’ai ensuite invité les enfants à proposer des questions philosophiques puis j’ai posé la mienne : Qu’est-ce qui fait d’un être humain un être humain ?
J’ai vu à l’expression de la majorité de ces jeunes penseurs qu’ils avaient immédiatement perçu la profondeur de cette question. Puis les premières idées sont arrivées :
– « il vit sur la Terre » et « il marche debout » mais certains ont objecté qu’ils ne sont pas les seuls êtres vivants dans ce cas.
– « il a la parole ». Cette proposition a amené une riche discussion sur le fait que des animaux avaient un langage qui leur permettait de communiquer entre eux mais les élèves sont arrivés à l’idée que celui des humains était peut-être plus élaboré.
– « il peut réfléchir ». « il pense ». Nous nous sommes alors demandé si les animaux réfléchissent parce que certains ont évoqué l’observation d’un chat qui semblait être en pleine réflexion. Un élève à alors proposé que les animaux sont peut-être juste capables de réfléchir au moyen d’avoir leur nourriture alors que les humains ont des pensées plus complexes.
– « l’humain est capable de productions techniques et d’évoluer » Nous avons réfléchi à des productions d’animaux : les nids par exemple qui peuvent avoir une architecture complexe, mais l’humain peut créer plus de choses et faire évoluer ses créations et lui-même.
Puis un élève a dit que « l’humain pense a la mort parce qu’il sait qu’il est mortel ». Si des animaux montre des signes de tristesse face à la mort d’un congénère, ils ne semblent pas avoir conscience d’être mortels.
Dans un autre groupe, un élève à proposé l’idée que l’humain se préoccupe de ce que les autres pensent de lui. C’est pour cela par exemple qu’il ne se promène pas nu dans la rue (exemple choisi par l’élève). La fin de l’atelier nous a empêché de suivre cette piste pour le moment mais un autre groupe nous a permis d’aller plus loin, en partant d’une autre idée :
– « l’humain n’est pas comestible ». Cette première proposition a été discutée parce que nous avons distingué le fait que la chaire humaine est comestible mais, selon notre culture et moralement, nous considérons qu’un humain ne peut pas être consommé par un humain. Cette morale que nous partageons avec un groupe semble être propre à l’humain, tout comme la culture. Tous les humains ont une culture même si elles diffèrent les unes des autres.
– « les humains peuvent avoir des amis ». « Ils ressentent de l’amour et d’autres sentiment ». Nous nous sommes demandés si le lien entre le chien et son maître, par exemple, est de l’amitié ou de l’amour ou seulement une manipulation pour obtenir ce qu’il veut.
Nous allons poursuivre cette réflexion mais ces jeunes gens, qui participaient à un atelier philo pour la première fois, ont eu des échanges et des idées très riches. J’ai hâte de découvrir la suite ainsi que d’ouvrir toutes les portes qui vont s’offrir à nous.