



Le 6 mai dernier, je participais à la journée Jeunes action science, organisée par Nantes Université à l’École Centrale.
Les classes ayant participé aux dispositifs Booste ton esprit critique et Jeunes scientifiques pour la transition présentaient leurs travaux et la journée débutait par des mini-conférences sur divers sujets afin de faire découvrir le travail des chercheurs aux élèves présents.
Cette journée a été très valorisante pour les élèves qui présentaient leurs travaux sur le stand de leur classe mais également enrichissante grâce à la variété des sujets à découvrir. Il y avait de nombreux sujets scientifiques avec de belles maquettes que les élèves présentaient avec une grande application tandis que d’autres, comme celui de la classe que j’accompagnais, étaient plus artistiques dans leur présentation tout en conservant une analyse scientifique du sujet.
Les élèves avaient reçu un carnet avec une page par projet pour noter leur remarques sur chaque projet qu’ils visitaient et recueillir le tampon de validation du passage au stand. J’entendais les questions sur le sujet, sur la manière dont ils avaient procédé, sur l’objectif… Bref, les jeunes faisaient preuve d’un esprit critique face à leurs interlocuteurs et tout se passait bien.
Ce n’est pas si évident car dans l’esprit de nombreuses personnes, esprit critique rime avec dévalorisation du sujet concerné. Nous avons d’ailleurs pu l’observer, les enseignantes et moi, lors de cette journée, pendant une discussion après avoir écouté la présentation d’un doctorant en psychologie. Nous avions trouvé que sa présentation partait d’un présupposé, les jeunes sont en grande majorité victimes d’éco-anxiété (un rapide sondage dans l’auditoire lui a montré que ce n’était pas le cas parmi les jeunes présents mais, après l’avoir constaté, il n’en a pas tenu compte). Il a expliqué que cette éco-anxiété se manifeste par des émotions négatives qui vont influer sur la capacité d’action des personnes touchées. Sa conclusion était qu’il faut accepter que malgré la gravité de la situation, faire de petits gestes est déjà très bien.
En sortant, nous avons interrogé les élèves sur les conférences qu’ils avaient entendues et toutes ont eu des critiques à faire sur cette prestation :
– impression qu’il s’agissait d’un atelier de développement personnel
– manque de prise en compte des autres situations : le déni par exemple
et une présentation trop superficielle qui n’apportait rien de nouveau.
Mais nous avons aussi remarqué que ce jeune homme semblait débuter dans la carrière et que cette courte présentation n’était qu’une petite partie d’une thèse dont il ne nous a pas donné le sujet (regrettable).
Cette discussion était fort intéressante lorsque nous avons été interpellées par deux personnes qui ne comprenaient pas les critiques énoncées alors que ce doctorant mène un travail de recherche certainement plus poussé que nos connaissances sur le sujet.
Nous avons eu beau faire remarquer que nos critiques ne remettent pas en cause sont travail mais la présentation qu’il en a fait et qu’il est plutôt intéressant de voir que les élèves avaient été capables d’analyser ses propos, c’est à dire d’utiliser leur esprit critique, le gros thème de la journée!
En effet, faire preuve d’esprit critique démontre une écoute attentive de l’interlocuteur, ou un lecture attentive du sujet, c’est la capacité à analyser la validité de l’énoncé et ainsi éviter de sombrer dans le dogmatisme, c’est la pensée qui permet de continuer à se poser des questions et à chercher des réponses, c’est une pensée nécessaire et créatrice.
Alors, critiquer la présentation de ce jeune homme n’avait rien d’agressif mais c’était un exercice enrichissant pour les élèves et j’espère que nous nous ouvrirons plus à cette critique constructive pour sortir de certains marasmes dans lesquels nous sommes englués : la surproduction et la surconsommation, les extrémismes de tous bords, l’utilisation des réseaux sociaux et le rapport à l’autre…
J’espère que ce dispositif sera renouvelé à la rentrée et que de nombreux élèves pourront bénéficier de cet enseignement mais nous pourrions peut-être aussi développer ce genre d’activité pour les adultes.
Pourquoi pas en participant à des cafés-philo… A bientôt