Comme en chaque début d’année, le mot qui revient dans toutes les discussions est « résolutions », toujours précédé par l’adjectif « bonnes ». Pour entendre peu après que, de toutes façons, ces résolutions ne tiennent que fort peu de temps, comme si ces changements étaient d’office voués à l’échec.
Pourtant la définition de ce terme sous-entend que ces décisions prises en début d’année devraient durer. Dans la lexicographie d‘Ortolang on trouve :
- Action de prendre, après réflexion, une décision, une détermination; résultat de cette action
- Attitude d’une personne résolue; fermeté de caractère
- Loc. adj. (Homme) de résolution. (Homme) qui prend rapidement parti et ne revient pas sur sa décision.
Il s’agit donc d’une décision prise avec détermination qui, de plus, est bonne. Il y a en effet un présupposé qui est que nous ne prenons que des bonnes résolutions en début d’année dans un élan de grande bonté avec nous-même et avec le monde. Donc, s’il s’agit d’une amélioration, il n’y a pas de raison que cela ne dure pas.
Il est pourtant notoire que peu de résolutions annoncées dans l’euphorie du repas, de la bonne compagnie et peut-être un peu de l’excès du champagne, ces belles décisions font long feu.
Quel est le problème :
- sommes-nous capables de prendre des résolutions?
- nos décisions sont-elles personnelles ou influencées?
- quelle est leur origine?
Ces résolutions de début d’année ne sont souvent que des désirs et, selon Alain, « le désir est paresseux ». C’est l’akrasia grecque, l’absence de contrôle sur nos actions et particulièrement sur nos intentions et notre volonté. Vouloir réellement quelque chose c’est accepter ce qu’il y a de difficile ou de désagréable avec. Mais ces déconvenues peuvent aussi devenir des excuses pour tout arrêter. Sartre prétend que nous sommes toujours libres, nous ne choisissons pas les circonstances mais nous choisissons ce que nous en faisons. Nous choisissons toujours, même lorsque nous décidons de ne pas choisir. Mais il précise aussi que notre conscience est ainsi faite qu’elle est capable de se donner l’illusion qu’on n’a pas eu le choix. Ce faisant, on se ment à soi-même en se faisant croire qu’on n’a pas le choix et qu’on est sincère. Nous sommes soumis au déterminisme.
Le problème vient aussi de nos habitudes. Elles se sont installées au fil du temps et nous apportent un certains confort, même les mauvaises habitudes. Selon Bergson, “notre expérience intérieure nous montre dans l’habitude une activité qui a passé, par degrés insensibles, de la conscience à l’inconscience et de la volonté à l’automatisme”. Rompre avec nos habitudes est difficile, il faut donc opérer en douceur, petit à petit pour remplacer une habitude par une autre ou en ajouter une nouvelle.
Mais pour que cette décision ne soit pas un désir déguisé, elle doit être personnelle et réfléchie puisque nous voulons qu’elle soit bonne pour nous. Pour cela, faite une petite analyse de votre désir avec l’outil WOOP:
- Wish, le vœu : quel est votre souhait, désir? écrivez un court texte pour le présenter.
- Outcome, le résultat : quel est votre but, votre objectif?
- Obstacle, les obstacles : réfléchissez aux difficultés que vous pourriez rencontrer
- Plan, le plan : comment pourrez-vous surmonter ces difficultés?
Alors si vous voulez vraiment que vos résolutions deviennent des habitudes, il est encore temps d’avoir cette réflexion, quitte à faire un peu évoluer votre résolution pour la rendre pérenne.
« L’important n’est pas de vivre mais de vivre bien. »
Socrate