
La marche est une activité idéale pour réfléchir, j’ai pu l’expérimenter pendant nos magnifiques randos à la Réunion en avril dernier. Parfois, le thème de ma réflexion était lié à l’expérience que je vivais.
Nous nous levions tôt pour ne pas souffrir de la chaleur et pouvoir faire nos 15 km de marche et 900m de dénivelé avant midi. Sur la carte cela semble facile, vu du départ, l’ensemble est tellement beau que l’envie est plus forte que la raison et puis il y a la marche… Mes hommes (fils et mari) marchaient d’un bon pas, comme d’habitude, le mien étant moins alerte (mais efficace!). De là est née mon interrogation: un kilomètre est-il identique pour chaque personne?
Bien sûr, scientifiquement, il est possible de mesurer un kilomètre qui sera égal à n’importe quel autre dans le monde. Mais quelle vérité a ce kilomètre en dehors du ressenti de celui qui le parcours? Alors, il devient différent selon la personne. Savoir qu’un parcours mesure 2 km n’aura donc pas la même signification pour chacun or le but de cette information n’est-elle pas de nous permettre de nous organiser pour parcourir cette distance? Cela ressemble à la nouvelle information que les météorologues nous donnent; température 20° ressentie 18°.
Donc, je pourrais dire avec les empiristes qu’une rando de 15km en montagne est très longue car cette connaissance me vient des sensations que j’ai accumulées lors de différentes expériences. C’est la perception que j’en ai bien que cette distance soit identique en montagne ou sur un chemin plat.
Cela signifierait qu’une chose est différente selon la perception de chacun, il lui faut donc une existence propre sinon elle n’existe pas. Notre raison, selon Descartes nous permet de distinguer l’essence des choses. Un kilomètre est identique partout mais je vais le percevoir différemment selon le lieu.
C’est Husserl qui nous éclaire en disant que les choses se donnent à nous par esquisses. J’ai conscience de l’existence de ce kilomètre mais ma perception, de par les expériences que j’en ai eu, créé différentes esquisses que ma conscience va relier à l’objet.
« Ce n’est pas une propriété fortuite de la chose ou un hasard de notre constitution humaine que notre perception ne puisse atteindre les choses elles-mêmes, que par l’intermédiaire de simples esquisses. »Edmund Husserl
Heureusement, le plaisir de la marche et la beauté des paysages m’ont fait oublier la longueur des kilomètres.